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Prestation compensatoire – Notice

Notice - Simulateur de Prestation Compensatoire A. BAMDÉ et G. THIERRY

📚 Notice

Méthode développée par Aurélien BAMDÉ et Gérald THIERRY

Comprendre les fondements juridiques, les paramètres et les choix méthodologiques du simulateur de prestation compensatoire conforme à l'article 271 du Code civil.

📖 Sommaire de la notice

1 Objet de la méthode et fondement juridique

La méthode de calcul intégrée au simulateur a pour finalité d'objectiver, autant que possible, l'évaluation de la prestation compensatoire en se conformant strictement aux articles 270 et 271 du Code civil.

⚖️ Constat doctrinal et jurisprudentiel : La doctrine et la jurisprudence soulignent que ces critères, bien que détaillés, ne fournissent pas un barème chiffré, de sorte que l'évaluation demeure largement discrétionnaire et source d'aléa pour les parties.
🎯 Finalité de la méthode : La méthode proposée ne prétend évidemment pas lier le juge, qui demeure investi d'un pouvoir souverain d'appréciation, mais offre un outil de calcul transparent, paramétrable et intégrant l'ensemble des critères légaux, afin de rendre la prestation compensatoire plus prévisible et plus intelligible pour les justiciables et leurs conseils.

2 Architecture générale de la méthode

La méthode développée repose sur une approche structurée en plusieurs étapes, combinant une unité de base pondérée et des modules additionnels spécifiques.

2.1. Une unité de base indexée sur la disparité de revenus et la durée du mariage

La méthode utilise une unité de base construite à partir de :

  • la différence de revenus annuels après impôts entre les époux (DR),
  • pondérée par un coefficient de durée de mariage.
Unité de base = (DR / 2) × coefficient de durée de mariage

Cette unité de base représente la traduction chiffrée de la disparité de ressources (critère principal de l'art. 271 C. civ.) rapportée à la durée de la vie conjugale, critère expressément visé par le texte.

2.2. Calcul automatique des revenus après imposition

Innovation majeure : Le simulateur intègre les formules fiscales officielles pour calculer automatiquement l'impôt sur le revenu. L'utilisateur n'a donc pas besoin de fournir d'avis d'imposition ou de calculer lui-même les revenus nets après impôts.

Le calcul des revenus prend en compte :

  • Salaires et pensions : calculés après imposition automatique
  • Revenus du patrimoine : taux de rendement pré-calculés appliqués (3,5% pour le patrimoine immobilier et financier)
  • Liste exhaustive de types de revenus : salaires, pensions de retraite, revenus fonciers, dividendes, BIC, BNC, revenus agricoles, etc.
  • Patrimoine : actifs immobiliers, placements financiers, parts sociales, avec distinction entre actifs liquides et non liquides

2.3. Pondération par la somme des coefficients

À partir de l'unité de base, la prestation compensatoire de base est obtenue par multiplication avec la somme des coefficients applicables :

PC de base = Unité de base × (somme des coefficients)

Les coefficients intégrés reflètent les critères de l'article 271 :

  • Coefficient santé : pour les maladies longue durée (max +50%)
  • Coefficient handicap : pour les situations de handicap établi (max +50%)
  • Coefficient risque emploi : combinaison du risque âge et du risque entreprise (max 18,75%)
  • Coefficient perte de qualification : majoration de +20% en cas de déclassement démontré

2.4. Modules additionnels spécifiques

Au-delà de la prestation compensatoire de base pondérée, la méthode intègre des montants additionnels calculés séparément :

Module additionnel Mode de calcul Fondement légal
Sacrifice professionnel ou éducatif (Nombre d'années de sacrifice × DR) / 3 Art. 271 : conséquences des choix professionnels pour l'éducation des enfants ou la carrière du conjoint
Maladie longue durée Calculé selon la durée de la maladie pendant le mariage (carence 6 mois, max 126 mois) Art. 271 : état de santé des époux
Handicap Majoration jusqu'à +50% de la PC de base Art. 271 : état de santé des époux

2.5. Schéma visuel de la formule générale

Schéma de la formule de calcul de la prestation compensatoire - Méthode A. BAMDÉ et G. THIERRY

Schéma 1 : Architecture de la formule - La prestation compensatoire de base (issue de la différence de revenus et de la durée du mariage) est multipliée par la somme des coefficients (santé + perte qualification), puis le montant du sacrifice professionnel est ajouté séparément pour obtenir la prestation compensatoire finale.

Ce schéma illustre la logique séquentielle de la méthode :

  • Étape 1 - Prestation compensatoire de base : calculée à partir de la différence de revenus des époux (après impôts, calculés automatiquement) pondérée par le coefficient de durée de mariage.
  • Étape 2 - Multiplication par les coefficients : la PC de base est multipliée par la somme des coefficients santé et perte de qualification (reflet des critères art. 271).
  • Étape 3 - Ajout du sacrifice professionnel : un montant additionnel est calculé pour les années de sacrifice professionnel ou éducatif démontré.
  • Résultat final - Prestation compensatoire totale : intègre l'ensemble des critères légaux de manière structurée et transparente.
🔍 Application des plafonds : Le résultat obtenu est ensuite confronté aux différents plafonds de la méthode (capacité d'épargne minimum du débiteur, différence de revenus suffisante ≥ 25%, durée de mariage ≥ 6 ans, plafond revenus top 1%). Si un plafond n'est pas respecté, la prestation compensatoire peut être ajustée ou ramenée à zéro.
💡 Exhaustivité des critères article 271 : Cette architecture garantit que tous les dix critères de l'article 271 du Code civil sont pris en compte de manière méthodique : revenus après impôts, patrimoine (via taux de rendement 3,5%), durée du mariage, âge (risque emploi), situation professionnelle (risque entreprise), qualifications (perte 20%), conséquences des choix professionnels (sacrifice quantifié), santé (maladie longue + handicap), droits existants et prévisibles (patrimoine et revenus futurs), pensions de retraite (intégrées aux revenus).

3 Prise en compte des critères de l'article 271

La méthode intègre tous les critères légaux, ce qui n'est pas le cas de nombreux barèmes existants :

👤 Âge

Coefficient de risque emploi progressif selon l'âge (max 15% après 46 ans)

⏳ Durée du mariage

Coefficient progressif de 0 à 32 ans, plafonné à 24%, pivot à 16 ans

💰 Revenus

Calcul automatique après impôts réels (barème IR intégré)

🏠 Patrimoine

Taux de rendement forfaitaire de 3,5% appliqué à l'actif net

💼 Situation professionnelle

Risque entreprise différencié selon le statut (max 25%)

🎓 Qualification

Perte de qualification : 0% ou +20% selon démonstration

💸 Pension et droits à retraite

Intégrés dans les revenus futurs prévisibles

👨‍👩‍👧‍👦 Conséquences choix professionnels

Quantification du nombre de mois sacrifiés avec calcul spécifique

🏥 Santé

Coefficient handicap et maladie longue (max +50% chacun)

📋 Droits existants et prévisibles

Patrimoine en capital et revenus futurs intégrés

Exhaustivité des critères : Pour chacun de ces dix critères, la méthode précise le mode de traduction dans le calcul et le fondement juridique ou doctrinal correspondant.

4 Justification des principaux paramètres

4.1. Revenus : choix des revenus nets après impôts et prise en compte du patrimoine

a) Revenus nets après impôts

Le simulateur retient les revenus après imposition, déterminés à partir des règles fiscales officielles, sans que l'utilisateur n'ait à renseigner de données fiscales complexes.

💡 Justification doctrinale : Ce choix est conforme à l'analyse doctrinale : pour apprécier la disparité, il convient de raisonner en ressources nettes, certaines charges étant déductibles (impôts directs, pensions versées, etc.) afin de refléter les capacités contributives réelles.

b) Revenus du patrimoine

Le patrimoine est intégré en appliquant à l'actif net un taux de rendement forfaitaire de 3,5 % :

  • ce taux tient compte du fait que les revenus réels dépendront du type de placement (immobilier locatif, produits financiers, etc.),
  • il est volontairement modéré, inférieur au rendement locatif net moyen (autour de 5,9 % mais très variable), afin de ne pas surévaluer la capacité de revenu tirée du patrimoine.
Fondement juridique : Ce module traduit le critère du « patrimoine estimé ou prévisible, en capital et en revenus, après la liquidation du régime matrimonial » (art. 271, al. 2). Les travaux doctrinaux et la jurisprudence rappellent en effet que doivent être pris en compte les loyers, dividendes, intérêts et plus généralement l'ensemble des revenus tirés du capital après liquidation.

4.2. Durée du mariage : coefficient progressif plafonné à 24 %

La durée du mariage est l'un des critères expressément mentionnés par l'article 271. La jurisprudence admet classiquement qu'un mariage long justifie une prestation plus élevée, alors qu'une union très brève peut conduire à l'exclusion de toute prestation.

Durée du mariage Coefficient appliqué Logique
Avant 16 ans Taux dégressif Mariage relativement court : impact modéré sur la disparité durable
À 16 ans (pivot) Palier stable Durée moyenne de mariage en France : ni trop long ni trop court
Après 16 ans Taux progressif Mariage long : impact croissant sur la vie économique des époux
Maximum à 32 ans Plafond 24% Environ un quart de majoration : choix de prudence paramétrable
📊 Choix méthodologique : Ce plafond de 24 % est un choix de prudence : il reconnaît l'impact croissant d'un mariage long sur la vie économique des époux, tout en évitant une inflation mécanique des montants. Le coefficient de durée vient ainsi moduler l'unité de base DR/2 : plus le mariage a été long, plus la disparité durable créée par la rupture est susceptible d'être importante.

4.3. Risque d'âge et risque d'entreprise

L'article 271 invite à tenir compte de l'âge, de la qualification et de la situation professionnelle des époux, ainsi que de l'évolution prévisible de ces éléments (employabilité, maintien dans l'emploi, etc.).

Risque âge

Tranche d'âge Coefficient Justification
Avant 46 ans 0 % Pas de risque significatif de perte d'emploi lié à l'âge, capacité de réinsertion élevée
Après 46 ans +1 % par an Le risque croît progressivement avec l'âge (employabilité décroissante)
Entre 62 et 64 ans Décroissance vers 0 Effet d'approche de la retraite : le risque se résorbe progressivement
Plafond maximum 15 % Évite de surpondérer l'âge, appréciation prudente du risque

Risque entreprise

Plus la situation est précaire, plus le coefficient se rapproche du maximum de 25 %. Ce coefficient reflète l'impact de la nature du statut professionnel sur la sécurité de l'emploi :

  • Fonctionnaire ou salarié en CDI grande entreprise : risque faible
  • Salarié PME en CDI ou CDD : risque moyen
  • Travailleur précaire, intérimaire, auto-entrepreneur : risque élevé (proche de 25%)

Coefficient risque emploi global

Coefficient risque emploi = risque âge × risque entreprise
Plafond global : 18,75 % (0,15 × 0,25)
⚖️ Cohérence juridique : Ce coefficient vient traduire dans le calcul la vulnérabilité professionnelle future du créancier, en cohérence avec l'exigence de prise en compte de la situation au moment du divorce et de son évolution prévisible (art. 271, al. 1).

4.4. Santé, handicap et maladie de longue durée

L'état de santé figure explicitement parmi les critères d'évaluation de la prestation compensatoire (art. 271, al. 2). La jurisprudence insiste sur le fait qu'une invalidité ou une affection grave réduit fortement la capacité de travail et augmente les besoins (dépenses de soins, aménagement de logement, etc.).

Critère santé Coefficient maximum Modalités
Handicap établi +50 % (1,5) Majoration jusqu'à la moitié de la PC de base
Maladie longue durée +50 % (1,5) Activé pour les périodes > 6 mois
Limité à 126 mois max (10 ans)
Carence de 6 mois + 120 mois max
⚠️ Limite temporelle importante : Seule la période de maladie couvrant la durée du mariage est prise en compte, ce qui permet de rester fidèle à la logique indemnitaire liée à la rupture du lien conjugal, et non à des événements entièrement extérieurs à la période matrimoniale.

4.5. Perte de qualification et sacrifices professionnels

Les conséquences des choix professionnels faits pendant la vie commune pour l'éducation des enfants ou pour favoriser la carrière du conjoint figurent expressément à l'article 271. La jurisprudence reconnaît que ces sacrifices peuvent justifier une prestation plus élevée, en raison de leurs effets sur les revenus et les droits à retraite.

Perte de qualification

Lorsque le sacrifice professionnel entraîne une perte de qualification démontrée (déclassement, impossibilité de retrouver un niveau de poste équivalent, etc.), un coefficient additionnel de +20 % (0,2) est appliqué.

📊 Calibrage : Ce taux de 20 % est assumé comme un choix de calibrage, raisonnable mais modulable, destiné à marquer un impact significatif sans doubler la prestation. Une personne qui s'est sacrifiée une partie de sa vie pour s'occuper des enfants risque de perdre en expérience professionnelle et ne retrouvera pas nécessairement un travail avec la même qualification qu'avant.

Nombre de mois sacrifiés

Le simulateur prend en compte le nombre total de mois de sacrifice (interruption d'activité, temps partiel subi au profit du ménage, mobilité professionnelle contrainte, etc.).

Montant lié au sacrifice = (nombre d'années de sacrifice × DR) / 3
Le facteur 1/3 est un choix de pondération prudent
⚖️ Justification : Le facteur 1/3 reconnaît que chaque année de sacrifice ne se traduit pas mécaniquement par une année entière de perte de revenu futur, mais produit un effet durable qu'il convient de compenser.
⚠️ Exigence de preuve : L'activation de ces paramètres suppose naturellement que le sacrifice soit établi par les pièces (attestations, trajectoires professionnelles, périodes d'interruption…). La méthode ne crée pas de droit autonome, elle traduit en valeur monétaire un critère déjà pleinement recevable devant le juge.

4.6. Plafonds et seuils de non-versement

Pour rester cohérente avec les exigences de réalisme économique et avec la finalité de la prestation compensatoire – compenser une disparité, et non organiser une redistribution générale –, la méthode prévoit plusieurs plafonds.

Plafond Seuil Justification
1. Revenus très élevés (top 1%) 105 000 € / an Lorsque les revenus du débiteur atteignent des niveaux comparables aux 1% de Français aux revenus les plus élevés. Chiffre issu de données statistiques nationales, paramétrable. Évite des montants hors de proportion.
2. Capacité minimale d'épargne 12 548 € / an En-dessous d'une capacité d'épargne évaluée à environ 1 000 € par mois, il est très difficile de financer une PC en capital. Ce seuil garantit la faisabilité concrète du versement.
3. Faible différence de revenus < 25 % Si la différence de revenus est inférieure à 25 %, la PC est réputée nulle. En-deçà de ce seuil, la disparité créée par le divorce ne justifie pas, en principe, une compensation spécifique.
4. Durée de mariage trop courte < 6 ans Lorsque la durée du mariage est inférieure à 6 ans, la PC est fixée à zéro. Un mariage très bref n'a généralement pas produit d'effets économiques suffisamment durables pour justifier une compensation autonome.
🔧 Paramétrage : Ces plafonds sont paramétrables dans le simulateur, mais leur existence même est justifiée par la double exigence de proportionnalité (ne pas dépasser les capacités du débiteur) et de cohérence avec la finalité compensatoire de la prestation.

5 Portée et limites de la méthode

5.1. Les points forts de la méthode

⚖️ Conformité légale

S'appuie exclusivement sur les critères légaux de l'article 271 du Code civil

📚 Fondements jurisprudentiels

Intègre les apports principaux de la jurisprudence et de la doctrine

🔢 Paramètres justifiés

Tous les coefficients sont explicitement justifiés et documentés

🔧 Flexibilité

Entièrement paramétrable pour s'adapter aux évolutions économiques

🎯 Transparence

Structure claire permettant de comprendre chaque composante du calcul

📊 Exhaustivité

Prise en compte de l'ensemble des 10 critères de l'article 271

5.2. Les utilisations de la méthode

La méthode ne se substitue ni au pouvoir souverain du juge, ni à l'appréciation des avocats, mais constitue un outil d'évaluation structurée, transparent dans ses hypothèses et dans ses coefficients, permettant :

  • de mieux préparer la demande de prestation compensatoire,
  • de faciliter la négociation entre les parties,
  • et, le cas échéant, d'exposer au juge un calcul articulé sur les critères de l'article 271, de manière intelligible et contrôlable.
🎯 Finalité pédagogique et pratique : Le simulateur vise à démocratiser l'accès à une évaluation rigoureuse de la prestation compensatoire, en offrant aux justiciables et à leurs conseils un outil moderne, transparent et conforme au droit positif.

5.3. Les limites reconnues

5.4. Clause de non-responsabilité

⚠️ Avertissement important : Le simulateur de prestation compensatoire constitue un outil d'information et d'aide à l'évaluation. Il ne saurait se substituer aux conseils d'un professionnel du droit (avocat spécialisé en droit de la famille, notaire).

Les résultats fournis par le simulateur sont indicatifs et ne constituent en aucun cas une garantie du montant qui sera fixé par le juge ou accepté par les parties dans le cadre d'une convention.

Chaque situation familiale est unique et nécessite une analyse personnalisée tenant compte de l'ensemble des circonstances de fait et de droit. Il est vivement recommandé de consulter un avocat avant toute démarche contentieuse ou conventionnelle.

Utiliser le simulateur conforme à l'article 271

Maintenant que vous comprenez les fondements méthodologiques et juridiques du simulateur, utilisez-le pour obtenir une évaluation transparente et rigoureuse de la prestation compensatoire.

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